Les fake news inondent les réseaux sociaux français
Près d'un lien sur quatre partagé par les internautes français sur les réseaux sociaux au sujet de l’élection présidentielle est lié à une intox, favorise un des candidats eurosceptiques et porte les traces de l’influence de la Russie, révèle une étude, de la société britannique Bakamo.
L'étude, publiée le 19 avril, porte sur 8 millions de liens publiés par 800 sites entre le 1er novembre 2016 et le 4 avril 2017.
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19,2 % des liens en question concernent des médias qu' “ne sont pas conformes aux critères journalistiques” et qui expriment “des opinions extrémistes…visant à forger un récit perturbateur”. Ce que l'étude appelle la catégorie de “reformatage” de l'information.
Environ 5 autres pour cents des liens partagés sont qualifiés de “récits souvent mythiques, presque théologiques par nature”, voire “des théories du complot”, qui tombent, elles, sous la catégorie “alternatif”.
Les sources classées dans ces catégories présentent les candidats eurosceptiques et europhobes d’extrême droite et d’extrême gauche sous un jour favorable : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Philippe Poutou.
Elles favorisent également François Fillon, un candidat de centre-droite plutôt proche de la Russie.
La recherche de Bakamo révèle également qu’une source sur cinq au sein de la catégorie “reformatage” est exposée à l’influence des médias gouvernementaux russes connus pour leur désinformation anti-UE, comme RT ou Sputnik, et qu’une source sur deux dans la catégorie “alternative” a des origines en Russie.
“L’analyse n’a identifié que des influences liée à la Russie. Aucune autre source d’influence étrangère n’a été identifiée”, note Bakamo.
L’étude affirme par ailleurs que “les sources d’information politique de référence continuent de mener le débat public” et qu’elles “sont davantage partagées que les sources d’information non traditionnelles.”
Elle ajoute qu'alors que l’équipe de campagne du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon partage souvent des contenus suspects, l’équipe de Marine Le Pen a pour l’essentiel diffusé ses propres contenus sur des plateformes comme Twitter ou Facebook.
Mais l'étude de Bakamo précise que les utilisateurs des réseaux sociaux de la catégorie “reformatage” sont “très prolifiques” et “très engagés”, et qu’ils partagent des liens à une cadence presque double de celle de ceux qui suivent les médias traditionnels.
Pierre Haski, un journaliste français qui a participé à l’étude, note qu’une autre “tendance inquiétante se profile au fur et à mesure que la date de l’élection approche” : “une fracture croissante entre les citoyens” basée sur “la fiabilité des informations et le respect des règles éthiques et professionnelles” plutôt que sur les convictions politiques.
Cette fracture signifie que les gens ont de plus en plus tendance à être en désaccord sur les faits plus que sur leurs opinions politiques, et que ceux qui ne se fient plus aux médias traditionnels sont insensibles aux services de désintox, tel que Les Décodeurs, un groupe de fact-checkers au sein de la rédaction du Monde.
L’étude de Bakamo affirme enfin que les sujets les plus fréquents au sein de la catégorie “reformatage” sont ceux liés à la question de l’identité française et qui attaquent l’islam. D’autres sujets concernant la mondialisation, les multinationales et l’”impérialisme” américain ou de l’UE sont aussi présents, dans une moindre mesure.
L’influence des sources russes est plus forte lorsqu'il s'agit de l’identité française, de l’hostilité à l’islam et à la mondialisation, de même que dans les sources liées à la “confusion” et aux “conspirationnisme” et à l’”anti-système” présentes au sein de la catégorie “alternatif”.
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